Le WWF-Canada présente un nouveau modèle de création d’aires protégées afin de respecter les engagements internationaux à l’approche de la COP15

Toronto, Ont. – Alors que les dirigeant.e.s du monde se rassemblent aujourd’hui à l’Assemblée générale des Nations unies pour établir des objectifs ambitieux pour les négociations sur le climat et la biodiversité qui auront lieu cet automne, un rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) souligne le besoin d’un nouveau modèle pour l’établissement d’aires protégées au Canada – un modèle qui protège les bonnes régions, de la bonne façon et pour les bonnes raisons.

Afin que le Canada concrétise ses engagements internationaux en matière de réduction des émissions de carbone et de maintien de la biodiversité, un réseau d’aires protégées de l’avenir devrait agir comme une solution climatique basée sur la nature en offrant des habitats pour les espèces tout en emmagasinant et en séquestrant du carbone. Les approches précédentes pour l’établissement d’aires protégées se centraient sur la délimitation de régions sur une carte, sans considération pour la façon dont elles pourraient servir à un plus grand réseau qui serait à l’épreuve des changements futurs, ni priorisation des droits et des titres autochtones. Le rapport Au-delà des cibles du WWF-Canada démontre comment cette approche a laissé des lacunes dans la représentation écologique (p. ex. la taille, la connectivité et la qualité) de notre réseau d’aires protégées, à une époque où des actions urgentes sont nécessaires pour réduire les émissions et renverser la perte d’espèces.

La création de nouvelles aires protégées au pays doit faire avancer les droits et les titres autochtones, et prendre aussi en compte quatre autres facteurs : la localisation des espèces en péril, la connectivité des aires protégées, la résilience climatique et les réserves de carbone.

Après avoir identifié des lacunes dans le réseau d’aires protégées existant, la nouvelle analyse du WWF-Canada a évalué ces quatre facteurs et identifié des régions de grande valeur de conservation dans tout le pays qui, si elles sont protégées, peuvent fournir d’efficaces solutions climatiques basées sur la nature et contribuer à remplir nos engagements sur la biodiversité et le climat. Les résultats de l’analyse (présentés sous forme de carte, en pièce jointe) sont présentés conjointement avec des entrevues réalisées avec quatre leaders en conservation d’origine autochtone, qui ont partagé leur expertise en travail de protection de lieux importants situés à travers le pays. La combinaison de la science « occidentale » et du savoir autochtone est essentielle si nous voulons atteindre nos cibles nationales et internationales d’une façon éthique et qui respecte les droits.

Carte du nombre de valeurs de conservation
Carte : Toutes les régions colorées ont été identifiées comme étant des lacunes dans le réseau d’aires protégées du Canada, et sont par conséquent considérées comme des priorités à court terme. Le gradient de couleur illustre la priorité relative, dépendamment du nombre de valeurs de conservation qui se chevauchent. Il est important de mentionner que toute APCA devrait obtenir le statut protégé en priorité.

 

Points clés à retenir :

  • Dans un contexte où les gouvernements du monde se dirigent vers un cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 qui vise à renverser la perte de biodiversité d’ici 2030, les aires protégées joueront un rôle de plus en plus significatif pour l’atteinte des objectifs nationaux autant qu’internationaux.
  • Il reste moins d’aires naturelles dans le sud du pays (les provinces) à cause d’une plus grande empreinte humaine, autant historique qu’actuelle, ce qui veut dire que la protection devra y être accompagnée de la restauration d’écosystèmes dégradés ou détruits.
  • Dans le nord (les territoires, dans cette évaluation), il y a de vastes étendues d’aires naturelles sans protection qui offrent l’occasion de faire progresser la conservation menée par la communauté.
  • Les réseaux d’aires protégées ont besoin d’être repensés afin d’apporter un maximum d’effets positifs sur la biodiversité, le climat, ainsi que les droits et les structures de gouvernance autochtones.

 

Citations :

« Nous savons maintenant que les aires protégées peuvent renverser la perte de biodiversité en protégeant des habitats essentiels, réduire les émissions de carbone par le maintien du carbone emmagasiné dans la nature, et faire progresser les droits et les titres autochtones en soutenant les aires protégées et de conservation autochtones. Mais aucun de ces avantages ne se concrétisera sans un plan d’ensemble coordonné et fondé sur le respect des droits. Si nous voulons réaliser nos engagements internationaux pour contrer la perte de biodiversité et les dérèglements climatiques, nous avons besoin d’une nouvelle approche priorisant les protections aux bons endroits et de la bonne façon. » – James Snider, V.-P., Science, savoir et innovation, WWF-Canada

« Les aires protégées et de conservation autochtones (APCA) sont le seul espoir que nous ayons. Si le Canada veut réaliser son engagement de protéger la biodiversité en conservant 30 % de ses terres, de ses eaux intérieures et de ses régions marines et côtières d’ici 2030, l’implication des Autochtones est incontournable. Si le Canada veut réussir la réconciliation – que nous parlions de réconciliation territoriale, financière, culturelle ou du savoir – et un semblant de restitution des terres, les peuples autochtones doivent être impliqués. » – Steven Nitah, Première Nation dénée Łutsël K’é

 

Prochaines étapes :

L’établissement d’aires protégées au pays ne peut continuer en suivant l’approche habituelle. La double crise du climat et de la perte de biodiversité exige que de nouvelles aires protégées luttent contre les deux à la fois, et notre responsabilité de faire progresser la réconciliation exige la priorisation des droits et des titres autochtones. C’est pourquoi nous avons besoin d’un nouveau modèle.

Ce nouveau modèle doit :

  • Prendre en compte la connectivité, la représentation écologique, les refuges climatiques, le stockage du carbone et les droits et les titres autochtones, tout en incorporant des stratégies pour une gestion et une intendance à long terme.
  • Prioriser les aires protégées et de conservation autochtones (APCA). Les aires protégées non désignées comme APCA devraient être développées en mises en œuvre avec le consentement autochtone, la reconnaissance des droits et des titres territoriaux et l’intégration des systèmes, du leadership et de l’intendance autochtones.
  • Établir et définir les cibles de réduction des émissions pour les aires protégées et les inclure dans les Contributions déterminées au niveau national du gouvernement du Canada.
  • Créer de nouveaux outils financiers qui prennent en compte l’établissement, la gestion et l’intendance à longue échéance des aires protégées, afin qu’elles offrent des bénéfices prolongés pour la biodiversité et le climat pendant plusieurs siècles.
  • Développer de nouveaux outils légaux pour l’avancement des APCA, où les outils existants en matière d’établissement d’aires protégées sont limités – tel qu’identifié par le Cercle d’expert.e.s autochtones durant le processus d’En route vers l’objectif 1. Les gouvernements de la Couronne doivent aussi reconnaitre et soutenir les APCA lorsqu’elles sont unilatéralement déclarées par les Nations autochtones en reconnaissance de leur autodétermination et de leur autogouvernance.

 

À propos du WWF-Canada 
Le WWF-Canada s’engage à prendre des mesures de conservation justes et équitables qui permettent de restaurer la nature, de renverser la perte d’espèces et de lutter contre les dérèglements climatiques. Nous nous appuyons sur des analyses scientifiques et sur les recommandations des Autochtones pour nous assurer que tous nos efforts sont liés à un seul objectif : un avenir où les espèces, la nature et les humains vivent en harmonie. Pour en savoir plus, visitez le wwfcastg.wwf.ca/fr

 

Pour davantage d’information, veuillez contacter :
Laurence Cayer-Desrosiers, gestionnaire, Communications, WWF-Canada : lcdesrosiers@wwfcanada.org