Cinq faits étonnants à propos du Saint-Laurent

Par Love Nature
Le réseau hydrographique du Saint-Laurent en Amérique du Nord, qui prend sa source dans les Grands Lacs et se jette dans l’océan Atlantique, est l’un des plus étendus au monde. Son artère principale, le fleuve Saint-Laurent, s’immisce profondément à l’intérieur de ce continent massif et ses eaux représentent plus du quart des réserves d’eau douce mondiales.

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Fleuve Saint-Laurent, Québec © Shutterstock

1. Un fleuve colossal!
Le Saint-Laurent est énorme. Ce fleuve, qui prend sa source au nord-est du lac Ontario, parcourt 1 197 km pour rejoindre le golfe du Saint-Laurent et l’Atlantique. Mais dans son ensemble, le réseau hydrographique du Saint-Laurent fait 3 058 km. Ce gigantesque fleuve est relativement jeune puisque sa formation remonte à 10 000 ans, lorsque les glaciers commencèrent à se retirer, découvrant ainsi une large entaille dans la croûte terrestre.
Sillonnant une vaste portion du territoire continental nord-américain, le fleuve Saint-Laurent fournit plusieurs types d’habitats, allant du système d’eau douce des Grands Lacs jusqu’à l’environnement salin océanique de son estuaire et de son golfe. Il y a environ 83 animaux terrestres et aquatiques répertoriés qui considèrent le fleuve et son golfe comme leur habitat privilégié, dont l’espèce menacée qu’est le béluga. Avant qu’il ne soit chassé jusqu’à sa disparition, le morse avait aussi l’habitude de nager dans les eaux de cette région. Faisant partie de la route de migration de l’Atlantique, le Saint-Laurent est aussi un site privilégié pour au moins 400 espèces d’oiseaux, telles que les aigles, les balbuzards et les guifettes noires.
2. Des stocks de poissons épuisés
Les années de pollution ainsi que la pêche commerciale ont eu un impact énorme sur les stocks de poissons. Les communautés piscicoles ne sont plus ce qu’elles étaient lorsque les Européens arrivèrent à l’embouchure du fleuve. Le hareng, l’esturgeon et le saumon ont tous été surpêchés et ne représentent plus qu’une fraction de leurs populations d’origine.
Les amateurs de pêche sportive affluent tout de même sur quelques portions du fleuve reconnues pour regorger d’Achigan à petite et grande bouche, de grand brochet, de carpe et de maskinongé. Pour renverser des décennies de surpêche commerciale, la recherche et le développement se tournent vers la restauration et s’attardent aux espèces les plus en danger. Le Fond Loblaw pour l’eau du WWF-Canada, par exemple, supporte le travail de terrain fait par des groupes de citoyens à travers le pays et dans le bassin versant du fleuve Saint-Laurent.
3. Tout n’est pas complètement sombre : des espèces sont aussi en santé!
Le castor, le vison, le rat musqué et le renard, des populations qui ont été historiquement décimées par l’industrie de la fourrure ont reçu au cours des dernières années un coup de main appréciable de la part des gouvernements et des groupes privés. La plupart de ces populations se rétablissent petit à petit, mais le castor et le rat musqué sont encore bien vulnérables dans certaines régions dû à l’empiètement et au développement humain.
Il y a une richesse floristique incroyable dans plusieurs écosystèmes du Saint-Laurent, quelque 1 700 espèces de plantes y étant répertoriées jusqu’à maintenant. Parmi celles-ci se retrouvent la rare et magnifique orchidée sabot de Vénus ainsi que des espèces curieusement nommées telles que l’astragale de Fernald, le bident différent, le carex joli et la vergerette de Philadelphie.
Une des façons d’assurer la santé de cet écosystème implique de gérer le débit de l’eau du fleuve et le niveau des rivières de manière à reproduire leurs états naturels. Un nouveau plan, le Plan 2014, est en route et s’il est appliqué, il offrira un énorme potentiel de restauration du fleuve Saint-Laurent.
4. Le fleuve : un patrimoine naturel à protéger et une artère commerciale à développer durablement
Dès 1783, les colons commencèrent à construire des canaux pour contrôler l’accès des bateaux le long du fleuve et des Grands Lacs. En 1932, le Canada reliait déjà le lac Ontario et le lac Érié, mais les États-Unis étaient toujours prudents face au projet commun de construction de voie maritime sur le fleuve. Il faut attendre 1954 avant qu’ils soient résolus à embarquer dans le projet et 1959 pour l’ouverture du Projet de canalisation et d’aménagement hydroélectrique du Saint-Laurent qui relie Montréal au Lac Érié.
Économiquement parlant, le projet est un énorme succès pour les deux pays, et cette voie navigable est toujours considérée comme un chef-d’œuvre d’ingénierie. Mais les progrès apportent quelques fois des problèmes. Les espèces envahissantes qui se fixent et font la route sur les bateaux entrants tapissent maintenant le fleuve, causant de sérieux problèmes depuis maintenant plus d’une décennie. Pas moins de 85 espèces aquatiques envahissantes ont été répertoriées dans le fleuve, et plus de 180 espèces non indigènes et envahissantes existent dans les Grands Lacs. La moule zébrée est probablement la plus connue. Elle a d’abord été repérée dans les Grands Lacs vers la fin des années 1980 et abonde maintenant dans tout le système hydrologique au détriment des espèces indigènes comme la moule d’eau douce.
5. Le fleuve subit des menaces contemporaines
Comme toutes les voies fluviales de ce monde, le Saint-Laurent subit des menaces provenant d’une myriade d’agents stressants habituels tels que le développement, la surexploitation et la pollution.
Récemment, la Ville de Montréal a déversé des milliards de litres d’eaux usées directement dans le fleuve pour réparer son système d’épuration. Le WWF-Canada s’est déclaré contre ce geste et demande à la Ville de Montréal de trouver d’autres solutions si une telle situation se présente dans le futur.
Une autre préoccupation est la possibilité d’un déversement pétrolier provenant des bateaux et des voies de transports sous l’eau. L’année dernière, des chercheurs de l’université McGill ont découvert dans le fleuve Saint-Laurent des niveaux de pollution microplastique aussi élevés que dans les milieux marins les plus contaminés du monde.
Le WWF-Canada travaille à la protection du fleuve Saint-Laurent et a complété les évaluations de santé, et de menaces, des bassins versants principaux de ce puissant fleuve. Lire le rapport.