Impossible? Pas à Terre-Neuve!
Écrit par Janice Ryan, WWF-Canada
J’ai eu, au moment de commencer ce blogue, une bouffée d’émotion semblable à celle que j’ai ressentie il y a trois ans quand j’ai été embauchée par le WWF-Canada. J’étais très excitée… et un peu dépassée par la situation.
La première tâche qu’on m’a confiée était la coordination du premier projet d’amélioration des pêcheries (qu’on appelle le FIP) au Canada, qui visait les populations de morues de l’Atlantique au large de la côte sud de Terre-Neuve. Dans notre jargon, on les appelle les morues du 3P. Je n’avais pas la moindre idée de ce qui m’attendait et j’ai plongé tête première dans le processus avec un groupe de partenaires ayant un but bien clair en tête, celui de reconstituer les stocks décimés de morues et obtenir l’accréditation du Marine Stewardship Council (MSC) qui certifie les pêcheries responsables et durables.
Une tâche impossible? Ça n’existe pas à Terre-Neuve!
Janice Ryan est conseillère en pêcheries au WWF-Canada, à St. John’s, Terre-Neuve. © Janice Ryan / WWF
Depuis les débuts du projet FIP en 2011, nous avons observé une belle progression des populations de morues. La dernière évaluation, effectuée en 2013, indique une tendance positive qui est de bon augure pour les trois prochaines années. Le moment était tout indiqué pour faire faire une évaluation par le MSC de ces populations à la hausse de morues de l’Atlantique canadien.
Au début du mois de mars 2014, à l’approche de la conclusion du projet triennal FIP, les entreprises Icewater Seafoods et Ocean Choice International ont entrepris la prochaine étape pour assurer la viabilité à long terme de ces stocks de morues de l’Atlantique : elles ont démarré le processus de demande d’accréditation auprès du MSC.
Je ne saurais vous dire combien cette nouvelle étape me fait plaisir. Depuis 15 ans que je travaille dans le milieu des pêcheries de Terre-Neuve et Labrador, je crois que c’est mon plus beau moment à ce jour, et j’en tire beaucoup de fierté.
Bien sûr, nous n’aurions pas pu faire la moitié de ce que nous avons accompli sans la participation de tous les acteurs du milieu des pêcheries et sans leurs efforts pour reconstruire cette industrie autrefois florissante. Le projet FIP a été le tout premier projet de pêcheries durables qui ait ouvert la porte à tous les secteurs de l’industrie des pêches, et s’il a donné des résultats probants, c’est grâce à l’apport de tous ceux qui y ont cru et se sont joints à nous en cours de route, sachant qu’en travaillant tous ensemble on pourrait réussir.
Le groupe d’organismes au cœur du projet FIP s’est constitué d’abord des entreprises Icewater Seafoods et Ocean Choice International, auxquelles se sont joints la Fish Food and Allied Workers Union, le ministère des Pêches et de l’Aquaculture de Terre-Neuve, et Pêches et Océans Canada. C’est ce groupe qui a mis le processus en branle et démarré un plan d’action ardu pour mener le projet à bien.
Nous avons également obtenu un appui formidable de la part de l’entreprise High Liner Foods et du Sustainable Fisheries Fund, qui ont cru à notre projet. Les détaillants Loblaw et Marks & Spencer ont également fait leur part; ils nous ont accueillis à bras ouverts et ont aidé à promouvoir notre objectif quand le besoin s’en est fait sentir.
Morue de l’Atlantique (Gadus morhua) Canada. © J. D. Taylor / WWF-Canada
Nous avons également bénéficié de la généreuse collaboration du Marine Institute’s Centre for Fisheries Ecosystem Research et du MSC, qui nous ont aidé de leurs précieux conseils et de leur expertise tout au long de l’élaboration et de la mise en œuvre du plan d’action du FIP.
Enfin, je m’en voudrais d’oublier de mentionner le formidable soutien que nous avons obtenu des WWF du Royaume-Uni et des États-Unis, ainsi que de notre propre équipe Océans au Canada atlantique.
Nous croyons que le succès de ce projet de reconstitution des stocks des morues du P3 pourrait servir de modèle pour d’autres projets de reconstitution de populations décimées de poissons. Mais surtout, l’accréditation du MSC ouvrira aux pêcheries concernées la porte à de nouveaux marchés, ce qui se traduira par une activité économique viable au sein des communautés côtières de ma province natale.
Je vous le disais bien, impossible n’est pas terre-neuvien!
Bateaux de pêche amarrés à Bay de Verde, Terre-neuve. © Janice Ryan / WWF