Le peuple mène la charge à la COP28 : Le sommet de l’ONU sur le climat montre des progrès
Qu’est-ce qui est responsable de la crise climatique? Et qui est responsable de ses conséquences?
Si les réponses à ces questions sont connues depuis des décennies – les combustibles fossiles sont responsables de 75 % des émissions de gaz à effet de serre et les pays les plus riches sont responsables de la grande majorité de ces émissions – les précédentes négociations sur le climat avaient échoué à les aborder de manière adéquate.
Au sommet de la COP28 à Dubaï, dans le cadre des 28e négociations annuelles des Nations unies sur le climat, les délégué.e.s ont entrepris de remédier à cette situation. Leurs objectifs : corriger la trajectoire globale pour que la planète revienne sur la bonne voie pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, et obtenir un engagement mondial en faveur de l’abandon progressif des combustibles fossiles d’ici 2050 et des contributions financières à un fonds sur les pertes et dommages destiné à soutenir les gens, les communautés et les pays les plus vulnérables face aux effets toujours plus importants des dérèglements climatiques.
« Nous devons démontrer une action décisive et un plan crédible pour maintenir l’objectif de 1,5 degré Celsius en vie, en protégeant ceux et celles qui sont en première ligne de la crise climatique, a déclaré António Guterres, le Secrétaire général des Nations unies. Nous ne pouvons pas continuer de repousser ces actions plus loin. Il n’y a plus de route – et nous n’avons presque plus de temps. »
Tant que les principaux.ales responsables n’auront pas rendu des comptes, ce sont les gens et les communautés qui en ont le moins les moyens qui paieront le cout des dérèglements climatiques.
Des feux de forêt au Canada aux inondations au Soudan du Sud, des personnes et des communautés ont subi des pertes insoutenables, rien qu’en comptant cette année, en raison de conditions météorologiques extrêmes alimentées par les dérèglements climatiques. Pourtant, malgré ces pertes, plusieurs de ces mêmes personnes mènent la charge des solutions climatiques en restaurant leurs terres et leurs communautés endommagées.
Et ces personnes se sont présentées à la COP28.
S’exprimant à la Plénière des peuples, la co-présidente a expliqué : « Nous continuons à venir à la COP précisément parce que les gouvernements, les entreprises et les responsables des dérèglements climatiques nous laissent tomber.
Nous venons à la COP pour nous battre. Tout comme nous nous battons à l’année longue dans autant de lieux et d’espaces que possible, en tant que communautés, en tant que peuples. Ce n’est pas le seul endroit où nous nous battons. Nous ne le faisons pas seulement une fois par an.
Nous venons à la COP parce que nous souffrons déjà de la dévastation. Et qu’il n’est plus possible de retarder les mesures qui renforcent et habilitent nos populations résilientes à faire face aux pertes et aux dommages que nous subissons déjà. »
Et ce n’est pas uniquement un enjeu pour les pays du Sud. Les populations et les communautés autochtones au Canada sont aux prises avec les conséquences des incendies de forêt, des sècheresses, des inondations, de la fonte des glaces et de la disparition des espèces.
« L’incendie d’Elephant Hill a fait perdre aux communautés des Premières Nations des services économiques et écologiques d’une valeur de 1,6 milliard de dollars par an, a dit Angela Kane, présidente-directrice générale de la Secwepemcúl’ecw Restoration and Stewardship Society (SRSS), lors d’un panel organisé par le WWF-Canada à la COP28 auquel elle assistait à distance. Lorsque nous restaurons, nous le faisons d’un point de vue autochtone […] et d’un point de vue écologique équilibré. »
Plusieurs Premières Nations, Métis.ses et Inuit du Canada mènent également l’action climatique, en protégeant et en restaurant les écosystèmes qui emmagasinent d’importantes quantités de carbone et atténuent les effets climatiques actuels et futurs.
« Il n’y a pas de net-zéro sans la nature; il n’y a pas de nature sans les peuples autochtones, » a déclaré Steven Nitah, directeur général de Nature for Justice.
D’innombrables autres histoires de personnes ayant surmonté des défis pour mettre en place des solutions climatiques ont été partagées à la COP. Lors d’un autre panel organisé par le WWF-Canada, au Pavillon du Canada à Dubaï, Jennifer Pylypiw, de la Nation métisse de l’Alberta, a expliqué comment la nation avait acheté des terres pour créer sa première aire protégée et de conservation autochtone (APCA) : « Les peuples Métis n’ont pas de terres. Les gens sont inquiets et effrayés par les changements climatiques, mais nous n’avons pas de terres à protéger. Nous avons donc fait preuve de créativité. »
Ces histoires et ces expériences, ainsi que les personnes qui les ont vécues, ont insufflé un sentiment d’espoir à la COP28. Elles ont démontré que nous connaissons déjà des actions et des solutions efficaces pour lutter de façon mesurable contre les dérèglements climatiques. Mais elles ont aussi mis en évidence les immenses inégalités entre, d’une part, les entreprises et les pays qui profitent des activités à l’origine de la crise climatique et, d’autre part, ceux et celles qui en subissent le plus les effets dévastateurs.
C’est la raison pour laquelle il était si important que la COP28 rende les responsables des dérèglements climatiques également responsables de leur résolution.
La COP28 a pris des mesures importantes en ce sens, en créant un fonds sur les pertes et dommages et en s’engageant à abandonner les combustibles fossiles. Plus d’argent sera nécessaire, et la science nous dit bien que l’abandon complet des combustibles fossiles est nécessaire d’ici 2050. Mais cet engagement mondial ferme de « s’éloigner » des combustibles fossiles permettra d’orienter le soutien et le financement vers des projets sur le terrain qui auront une réelle différence pour le climat, les gens et la nature.