Les plantes indigènes de la Nouvelle-Écosse éveillent les sens avec des parfums de bord de mer sucrés et salés

Écozones terrestres de la Nouvelle-Écosse
© WWF-Canada

Peu importe où vous allez en Nouvelle-Écosse – des falaises vertigineuses des hautes-terres du cap Breton et de la vallée fertile de l’Annapolis jusqu’aux rochers spectaculaires de Peggy’s Cove et aux marées géantes de la baie de Fundy – vous n’êtes jamais à plus de 60 kilomètres de l’océan. La totalité de la péninsule et des iles de la province fait partie de l’écozone terrestre maritime de l’Atlantique, avec un climat relativement frais mais humide et des régions côtières aux températures modérées en raison de l’influence de l’océan. Toutefois, malgré sa réputation de « terrain de jeux océanique », la Nouvelle-Écosse offre des paysages principalement composés de forêts mixtes et de milieux humides qui abritent collectivement plus de 2 400 espèces de plantes.

Quelle est ce parfum transporté par la brise? Ça pourrait être l’air salin, ou c’est peut-être l’odeur sucrée et épicée qui émane de l’une de ces trois espèces de plantes indigènes. (Pour découvrir les plantes indigènes d’autres régions du Canada, consultez nos publications sur la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et le Nunavut.)

Épigée rampante

Aussi connue sous le nom de fleur de mai, l’épigée rampante (Epigaea repens) est la fleur emblématique de la Nouvelle-Écosse. Joyeux signe annonciateur du printemps, ses fleurs roses et blanches à cinq pétales font plus tard place à un fruit blanc charnu recouvert d’une enveloppe velue. Ses feuilles larges et ovales demeurent accrochées à la plante tout au long de l’hiver. L’épigée rampante forme un tapis bas pouvant atteindre une hauteur de 15 centimètres.

Cette plante est reconnue pour le parfum sucré que dégagent ses fleurs et de ses feuilles, qu’on compare parfois au jasmin.

Pale pink star-shaped flowers bloom among fuzzy green leaves on a short plant growing between fallen branches and leaves.
Épigée rampante (Epigaea repens) Source : Jara de Hoog/iNaturalist.org

Astuces de culture

Puisque l’épigée rampante est sensible aux perturbations et pousse lentement, elle n’est pas la meilleure candidate pour votre jardin. Essayez plutôt de la repérer dans les régions boisées et les clairières de la province au début du printemps – gardez l’œil ouvert (et utilisez votre nez) dans les endroits où la litière de feuilles est peu épaisse. Ces fleurs préfèrent les zones ensoleillées ou partiellement ensoleillées et les sols acides humides et bien drainés.

Au-delà de la Nouvelle-Écosse, cette plante indigène pousse dans d’autres provinces atlantiques de même qu’au Québec, en Ontario et au Manitoba.

Bienfaits pour les espèces

L’épigée rampante constitue une source de nourriture pour nombre d’espèces : les chenilles du lutin grisâtre se régalent de ses fleurs et de ses nouvelles pousses, les bourdons boivent son nectar et récoltent son pollen lors de la pollinisation des fleurs, et les oiseaux et les petits mammifères mangent ses graines et ses fruits.

Straight grey trunks of red spruce within a mossy forest-scape.
Épinettes rouges (Picea rubens) Source : agbelliveau/iNaturalist.org

Épinette rouge

À la fois majestueuse, adaptable et utile, l’épinette rouge (Picea rubens) est une autre espèce choisie pour symboliser la province. Ce conifère à la forme relativement conique est couvert d’aiguilles lustrées à quatre côtés de couleur jaune-vert qui, aux dires de certaines personnes, dégagent une odeur d’agrume lorsqu’elles sont pincées. Sur ses branches recourbées vers le haut poussent des cônes bruns mesurant jusqu’à 4,5 centimètres de long. L’épinette rouge peut atteindre 25 mètres de hauteur, soit l’équivalent d’un immeuble de six étages, et vivre jusqu’à 400 ans.

Tree branches bearing twigs with short, bristle-like green needles and dozens of reddish-brown, scaly seed cones.
Épinette rouge (Picea rubens) Source : Lynn Harper / iNaturalist.org

Prisé pour ses qualités de résonance, le bois de l’épinette rouge est utilisé pour la fabrication d’instruments de musique. L’arbre est également transformé en bois d’œuvre et en pâte à papier, et remplace parfois le sapin de Noël. Les Mi’kmaqs ont pour tradition de transformer sa résine en gomme d’épinette à des fins médicinales ou pour la construction des canots. Depuis des siècles, les peuples d’Amérique du Nord utilisent ses petites brindilles pour fabriquer de la bière d’épinette.

Astuces de culture

L’épinette rouge constitue un ajout esthétique au paysage dans une haie ou pour couper le vent. Comme il tolère les conditions de faible luminosité, cet arbre convient bien aux endroits déjà ombragés. Choisissez une zone au sol humide et bien drainé. Il s’agit d’une excellente essence indigène à cultiver dans les Maritimes. Elle pousse également au Québec et en Ontario, mais de façon moins abondante.

Bienfaits pour les espèces

Les forêts où pousse l’épinette rouge offrent aux orignaux et aux chevreuils un refuge contre la neige en hiver et abritent de nombreuses espèces d’oiseaux tout au long de l’année. Les écureuils et les oiseaux mangent les graines des cônes qui s’ouvrent à l’automne.

Myrique de Pennsylvanie

Frosty northern bayberries clustered around the leafless limbs of a shrub.
Les fruits du myrique de Pennsylvanie (Morella pensylvanica) en hiver Source : agbelliveau/iNaturalist.org

Le bleuet est peut-être la première baie qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez à la Nouvelle-Écosse, et pour cause : les bleuets sauvages et cultivés sont des contributeurs clés à l’économie de la province. Mais un autre arbuste mérite d’être connu et cultivé : le myrique de Pennsylvanie ou myrique cirier (Morella pensylvanica).

Cette essence indigène produit des chatons (épis de fleurs allongés) jaune-vert au printemps, mais ceux-ci ne constituent pas le principal attrait. À la fin de l’été et à l’automne, l’arbuste se remplit de baies bleues tirant sur le blanc à l’apparence givrée qui restent en grappes autour des branches pendant l’hiver. Bien qu’ils ne soient pas aussi délicieux que les bleuets, ces petits fruits peuvent être bouillis pour produire une cire odorante utilisée dans la fabrication de chandelles et de savons. Ses feuilles vertes luisantes et étroites dégagent également une agréable odeur. Les Mi’kmaqs ont pour tradition d’utiliser les racines et les feuilles du kljimanaqsi (le nom de l’espèce en langue micmaque) à des fins médicinales.

 

Northern bayberry shrub with lush narrow, shiny green and red leaves with mixed forest in the background.
Myrique de Pennsylvanie (Morella pensylvanica) Source : Tom Rogers/iNaturalist.org

Astuces de culture

Le myrique de Pennsylvanie est polyvalent et pousse bien dans des terrains inhospitaliers, y compris dans le sable, le gravier et le sol acide, et dans toutes sortes de conditions d’ensoleillement et d’humidité. Il tolère la sècheresse, l’embrun salé de l’océan ou des routes, ainsi que le vent. Les racines aident à stabiliser les berges pour contrôler l’érosion. Le myrique de Pennsylvanie se propage également par ses racines, formant une masse ou une haie attrayante de 1,5 à 4,5 mètres de hauteur, qui peut être joliment taillée au besoin.

Recherchez cette essence indigène dans les pépinières de la Nouvelle-Écosse et d’autres provinces de l’Atlantique, de même qu’au Québec et en Ontario. Dans la nature, repérez-la le long des côtes et dans les forêts humides.

Bienfaits pour les espèces

Le myrique de Pennsylvanie est pollinisé par le vent, pas par les pollinisateurs. Toutefois, les oiseaux comme les merles et les grives, le jaseur boréal, le moqueur chat et la paruline à croupion jaune mangent ses fruits et dispersent ses graines; l’enveloppe de cire se détache au cours du processus de digestion, ce qui permet aux graines de germer.

Aidez à restaurer les plantes indigènes à travers le Canada
Découvrez les plantes indigènes du Canada et les façons dont vous pouvez aider à restaurer les habitats des espèces en les cultivant. Visitez le site wwfcastg.wwf.ca/recultiver.

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